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Les ambitions de puissance de la Chine sous Xi Jinping (4/4)

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L’agressivité tous azimuts de la Chine sous Xi Jinping se manifeste dans les domaines militaire, économique et culturel. L’attractivité du modèle chinois promu par Xi Jinping contraste à ce titre avec la rigidité du modèle occidental en matière d’investissements. 

Xi Jinping dans les pas de Mao Zedong.
Xi Jinping dans les pas de Mao Zedong

Le consensus de Pékin face au consensus de Washington

Le projet des Nouvelles routes de la soie lancé en 2013 et qualifié de « projet du siècle » par le président chinois, renverse l’ordre géopolitique établi au XXe siècle. Le « consensus de Washington » des années 1980 reposait sur des investissements des grands pays développés dans des pays en développement à travers la Banque mondiale et le FMI et selon des critères de bonne gouvernance. Aujourd’hui, la question de la gouvernance s’efface derrière les perspectives de développement à tel point qu’on parle de « consensus de Pékin (1) ». Si les Occidentaux sont critiques à l’égard de ce modèle, force est de constater qu’il en séduit plus d’un. En effet, la Chine est le seul pays à pouvoir investir des sommes aussi colossales et elle est devenue le plus gros créancier du monde, ce qui lui permet d’imposer ses lois.

Le modèle chinois « gagnant-gagnant »

Les services de communication des ministères chinois évoquent les Nouvelles Routes de la soie comme un projet dont la philosophie repose sur trois piliers : la coopération, la compréhension mutuelle et l’amitié. Concernant les investissements chinois à travers le monde, le fameux effet « gagnant-gagnant (2) » loué par la Chine n’est pas que poudre aux yeux. Il n’y a qu’à observer les croissances économiques des pays récipiendaires des largesses chinoises ces trente dernières années. Alors que l’Occident conditionne son aide à une bonne gouvernance et réclame des comptes, la Chine déploie sa diplomatie du chéquier.

La Chine prouve au monde qu’un système de parti unique et de libre entreprise sans libertés publiques peut être une alternative viable au modèle états-unien. C’est une combinaison gagnante pour les pays du Sud : un décollage économique alliant un autoritarisme politique au service d’un capitalisme où l’État resterait un acteur économique prépondérant contre la démocratie telle que pratiquée en Occident. Toutefois, aucune mention des clauses secrètes, des obligations diplomatiques et du surendettement guettant ceux qui se laisseraient envoûter par les rêves de grandeur chinois. Cette réalité que découvrent amèrement certains pays d’Afrique, d’Asie et d’Océanie.

Xi Jinping et la puissance culturelle chinoise

La Chine dispose aujourd’hui du plus grand réseau diplomatique au monde et elle affiche fièrement sa puissance. Xi Jinping, qui cumule les fonctions – Président de la Commission militaire centrale (chef des armées), Président de la République populaire de Chine et Premier Secrétaire du Parti communiste chinois (PCC) -, recentre et renforce le PCC dans tous les domaines. Le communisme pur du temps du Grand Timonier qui expurgeait la culture chinoise et le confucianisme, s’est mué en communisme aux accents nationalistes forts avec une relecture de la civilisation chinoise millénaire.

Barthelemy Courmont, spécialiste de la Chine, parle de « soft war (3) » à travers laquelle la Chine se sert de l’économie pour influencer d’autres pays. Il explique que l’URSS avait un PIB équivalent à 40 % de celui des États-Unis alors que la Chine est déjà à 70 %. La Chine se sert de sa culture séduisante là où l’URSS ne pouvait pas le faire. Néanmoins, contrairement aux années de Guerre froide, la Chine n’est pas dans une logique de blocs ou de confrontation mais elle nourrit l’idée de former un réseau capillaire d’interdépendances basé sur l’équilibre des puissances.

(1) Expression forgée en 2004 par Joshua Cooper Ramo en 2004, en opposition au « consensus de Washington » défini par l’économiste John Williamson en 1989. Voir Joshua Cooper Ramo, The Beijing Consensus, Londres, Foreign Policy Centre, 2004.

(2) COURMONT Barthélemy, « Au temps des routes de la soie », Revue internationale et stratégique, vol. 113, no. 1, 2019, p.212

(3) COURMONT Barthélemy, « Chine – États-Unis : choc des titans ou soft war ? », Revue internationale et stratégique, vol. 115, no. 3, 2019, pp. 71-78.

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Ameerah Ismael

Diplômée d'un master en Relations internationales et Diplomatie et d'une licence en Langues étrangères appliquées (anglais-arabe-hindi) de l'Université Jean Moulin Lyon 3. Intéréssée par les enjeux politiques, militaires et sociétaux au Moyen-Orient mais également à l'Extrême-Orient.

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